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Yvonne Lefébure

Née le 29 juin 1898 à Ermont et morte le 23 janvier 1986 à Paris, Yvonne Lefébure est une pianiste française.

Elle mène au cours de sa vie une double carrière de virtuose et de pédagogue. Elle entre au Conservatoire de Paris à l'âge de neuf ans, et elle est élève de Alfred Cortot (piano), Maurice Emmanuel et Charles-Marie Widor (fugue). Elle prend également des leçons particulières avec Cortot. Enfant prodige, elle remporte dès l'âge de quatorze ans, un premier prix de piano dans la classe de Cortot, ainsi que dans six autres matières.

Très jeune, elle joue avec l'Orchestre des Concerts Lamoureux avec Camille Chevillard et l'Orchestre des Concerts Colonne avec Gabriel Pierné, ainsi qu'en récital.

Liée aux grands musiciens de son temps, Gabriel Fauré, Maurice Ravel, Paul Dukas, elle se fait leur interprète favorite quand elle ne se produit pas sous la baguette de chefs tels que Furtwängler, Boult, Markevitch, ou en compagnie de Pablo Casals, au festival de Prades en 1950, puis souvent ensuite. Elle épouse le chef d'orchestre et musicologue Fred Goldbeck en 1947.

Elle enseigne à l'École normale de musique (1924–1939 puis à nouveau en 1972–1973), au Conservatoire de Paris (1952–1967) et au Conservatoire européen (1967–1972)1, et elle donne des classes de maître à son propre festival de Saint-Germain-en-Laye, où elle crée en 1968, le prix Debussy. Parmi ses élèves, on peut citer : Hélène Boschi, Catherine Collard, Imogen Cooper, Évelyne Crochet, Anne-Marie Fossat, Samson François, Christine Girard, Gérard Jouannest, Michaël Levinas, Dinu Lipatti, Claude Mojonnier, Boris Nedeltchev, Françoise Thinat, Pierre Réach, Jean-Marc Savelli, Setrak, Avi Schönfeld, Chantal Stigliani, Annie Bélis et Andrée Sommer (1933-2015).

Dotée d'un esprit curieux de tout, elle est proche du peintre Raoul Dufy et du philosophe Alain, qui lui consacre deux « propos ».

Discographie
Yvonne Lefébure a peu enregistré, trouvant le résultat au disque plus froid que le concert. C'est avec la proposition d'Yvette Carbou, au début des années 1970, d'enregistrer Maurice Emmanuel pour le label FY/Solstice que commence sa discographie.
Elle poursuit avec des enregistrements de Schubert, Beethoven, Bach, Debussy, Fauré et Dukas. Cette étiquette a publié en 2016 un coffret hommage de 24 disques (SOCD 321/44), intitulé « Yvonne Lefébure, une légende du piano », dont un disque d'entretiens, avec Bernard Deutsch (1981), Laurent Asselineau (une classe de maître de 1979 — quatrième Ballade de Chopin) et Jacques Chancel (extrait d'une Radioscopie de 1976), entièrement transcrit dans le livret. Les 23 autres disques rassemblent les enregistrements pour EMI, pour Solstice et quatorze œuvres issues d'archives inédites de la radio, conservées à l'INA ou à l'étranger.

(Source Wikipédia)

Yvonne Lefébure : un volcan au piano

A l’école d’Alfred Cortot, dès l’âge de neuf ans, elle apprend que l’essentiel de la musique se trouve au-delà des notes. Elle s’irritera toute sa vie de constater que, chez certains membres de l’école française, la technique prend le pas sur la musique. De Cortot, Yvonne Lefébure a aussi hérité le goût des polyphonies transparentes et cet art subtil qui lui fait différencier les plans sonores et les couleurs du son en donnant à chaque doigt, jusque dans les accords les plus massifs, un poids différent. « Ferment d’intelligence et de sensibilité, elle ajoute à son jeu, disait Cortot, cette constante palpitation de la vie qui ne laisse inerte aucune sonorité. »

Frêle et menue, rapide et légère, « casque d’or sur le regard bleu », elle était dotée d’une force, d’un don prodigieux de communication. Elle évoque pour les uns Mélisande, pour d’autres « l’enfant ensorcelé de Colette et de Ravel ». « Ses moyens techniques hors du commun, raconte Henry-Louis de La Grange, qui fut son élève cinq années durant, lui permettaient d’aborder les oeuvres les plus redoutables comme les Variations Diabelli ou l’Opus 106 de Beethoven. On avait alors l’impression qu’elle voulait à tout prix braver les limites que la nature semblait lui avoir imposées en lui donnant de petites mains ». Défi triomphant salué par Alfred Cortot : « Elle est presque seule à avoir affronté victorieusement les multiples problèmes d’interprétation de ces gigantesques Variations. »

(Source : Médiathèque musicale Mahler)